Ces pages sont consacrées aux discours
autogènes, rumeurs, idéologies, ensembles
d'informations que l'on tend à répéter
le plus possible, à prendre en compte le plus
possible, poussé(e) à cela non par la valeur
de ce discours, mais par une illusion qui se transmet en
même temps que lui. Retour au
menu.
La lutte et la solidarité se
trouvent à tous les niveaux de la vie, mêmes
les plus élémentaires. Les fleurs nourrissent
les insectes, et les insectes fécondent les fleurs.
Et les fleurs rivalisent entre elles pour attirer les
insectes, et les insectes rivalisent entre eux pour butiner
les fleurs.
Soient une troupe de loups et une
troupe d'antilopes (les premiers ne se trouvent pas que dans
le grand nord, et les secondes pas qu'en Afrique). Les loups
attaquent les antilopes. Ces dernières ont deux
possibilités : ou bien s'enfuir, rivaliser de
vitesse, et les moins rapides, et seulement
celles-là, seront mangées par les loups qui se
disputeront leurs carcasses, ou bien faire front,
littéralement, se grouper en rangs serrés et
opposer leurs cornes acérées aux crocs des
prédateurs. Si cette dernière solution
réussit, aucune antilope ne sera tuée...
sinon, si le rapport de forces joue contre elles, elles
risquent de l'être toutes, ou presque. Aucune des deux
formules n'est meilleure dans l'absolu pour les antilopes,
c'est affaire de circonstances, ou d'adaptation
particulière. Il serait absurde de soutenir la
supériorité absolue, intrinsèque, de la
lutte sur la solidarité, ou l'inverse. Autant que de
soutenir la supériorité absolue,
intrinsèque, de la chaleur sur le froid, ou
l'inverse.
Cette nécessité d'un
équilibre entre les deux principes est aussi facile
à montrer dans une société humaine
quelconque. Soient une entreprise et ses deux
salariés, Pierre et Paul. S'il y a
déséquilibre du côté de la
solidarité, au détriment de la lutte, si par
exemple les deux sont certains d'être payés ni
plus ni moins et de garder leurs postes quoi qu'ils fassent,
Pierre sera porté à laisser les tâches
qui ne lui plaisent pas à Paul, et vice-versa.
L'entreprise risque fort de ne pas être viable, ou la
société toute entière, s'il n'y a pas
davantage compétition entre les entreprises. Mais
supposons un déséquilibre en sens inverse.
Plus d'entraide, seulement la compétition entre les
deux hommes. Si Pierre a besoin d'un renseignement que Paul
possède, ce dernier peut affecter l'ignorance,
obligeant son collègue à perdre du temps en
recherches au détriment de sa productivité et
donc de l'entreprise. Si la compétition est encore
plus âpre, si le moins performant des deux doit se
trouver licencié par exemple, alors, si Paul se voit
en retard sur Pierre, il n'a plus qu'à jeter une
pelletée de sable dans la machine de ce dernier, qui
sera bientôt réduit à faire de
même pour ne pas être distancé à
son tour. Bien entendu, la pelletée de sable peut
revêtir d'innombrables formes. Ils peuvent aussi
retrouver une solidarité entre eux, mais contre
l'entreprise. Et la compétition entre entreprises, si
elle est exacerbée, suscite aussi bien des tentations
de tricheries en tous genres. Tout cela n'est pas qu'une vue
de l'esprit, on peut le constater tous les jours.
Nous traiterons surtout des
déséquilibres, puisque c'est d'eux que surgit
le discours autogène. Il serait toutefois incorrect
de ne pas signaler que les équilibres existent aussi,
parfois pendant de longues périodes. J'ai
chahuté l'Islam pour son déséquilibre
vers la fraîcheur, je l'égratignerai encore
plus pour son obsession unitaire.
Il serait injuste de ne pas
mentionner qu'il a obtenu, en théorie et
jusqu'à un certain point en pratique, un
équilibre plus durable qu'aucun autre entre
compétition et solidarité. Dans la
société islamique traditionnelle, celui qui a
de l'ambition, quelque soit sa condition initiale, a les
coudées franches pourvu qu'il ait les qualités
et talents nécessaires à son ambition (on a vu
d'anciens esclaves, ou des transfuges d'origine
chrétienne, s'élever jusqu'au rang de
gouverneur, de général, de Grand Vizir ou
même de souverain). Celui qui préfère se
laisser vivre, et à la limite ne rien faire, est
assuré d'avoir le minimum vital, tant
matériellement, grâce à l'aumône
institutionnelle du zakat, qu'affectivement (ce qu'aucun RMI
ne peut donner). Le fait que les fous soient très
officiellement protégés par Dieu aussi bien
que par la société est aussi à
souligner dans cette optique, la folie étant, dans
toute société, une manière parmi
d'autres de résoudre certains problèmes, de
s'adapter et de s'intégrer.
Cela posé, il reste que
l'idéal de solidarité pure est un support
efficace de discours autogène, le plus puissant
peut-être. Il faut pour cela réunir ttrois
conditions. La première est remplie dans la mesure
où un équilibre est fondamentalement
souhaitable entre les deux extrêmes.
La deuxième l'est aussi,
dans la mesure où l'équilibre peut facilement
être infléchi, par une nouvelle loi par
exemple, ou une nouvelle institution, ou un renforcement, ou
au contraire un affaiblissement, des lois et institutions,
ou plus fondamentalement des valeurs, en vigueur.
La troisième l'est
également. Il n'est guère possible
d'être solidaire tout seul, sans contre-partie. C'est
aller contre les lois les plus élémentaires de
la vie. Un vieux conte oriental explique cela fort bien. Un
jour, un certain prince voit en se promenant un aigle sur le
point de capturer un lapin. Ému par le sort du
malheureux lapin, le prince le sauve et le met à
l'abri. L'oiseau proteste : "Tu condamnes mes aiglons
à mourir de faim !" Alors le trop gentil prince
se sent obligé de tirer son couteau et de tailler
dans sa propre chair pour nourrir le rapace et sa
progéniture.
Si on se veut solidaire, on doit
pousser, voire contraindre, les autres à l'être
aussi.
Prolétaires de
tous les pays...
S'il est une doctrine qui a
préconisé la victoire finale et
définitive de la solidarité sur la lutte, qui
en a fait son cheval de bataille, son fonds de commerce, son
moteur, son idéal, c'est bien le marxisme.
Le "communisme", au sens strict, y
est défini comme une société où
il n'y a plus ni exploiteur ni exploité, plus de
police ni d'armée, ni d'état pour les faire
fonctionner car il n'y a plus de tentation malsaine, plus de
monnaie même, chacun donnant selon ses moyens et
recevant selon ses besoins, spontanément.
On sait que cet état
idyllique a été surabondamment promis, mais
jamais atteint. L'astuce qui lui a permis de durer et de
devenir un vrai discours autogène est qu'il devait
être précédé par le "socialisme".
Dans le socialisme il n'y a, en théorie, plus
d'exploiteur, donc plus de lutte pour la survie
individuelle, mais encore un pouvoir, une police et une
armée, pour défendre,
précisément, le socialisme, et réaliser
les conditions du passages au communisme. Cet
état-là a été officiellement
atteint, et il s'est maintenu environ soixante-dix ans. Et
il a pourri, de l'intérieur, à partir du
moment où le gouvernement soviétique n'a plus
osé ou plus été en mesure de maintenir
le message : "Le communisme, c'est pour dans quinze (ou
vingt) ans !" Le principe de la carotte au bout d'une
perche. L'illusion a eu la vie dure.
Elle a pourtant
été dénoncée très
lucidement dès l'origine par Mikhaïl Bakounine,
qui objectait à Marx, au sein même de la
première Internationale que "l'idée d'un
pouvoir qui s'effacerait de lui-même après
avoir atteint son objectif est contraire à tout ce
qu'on sait de la nature humaine..."
Victor Souvarov, officier de
blindés de l'Armée rouge passé à
l'ouest vers la fin des années soixante, a
raconté son histoire ("Les libérateurs",
Mazarine, 1982), et notamment, comment il a
été "vacciné" contre l'illusion. Il
était à ce moment aspirant. Puni pour
même pas une peccadille, par le caprice d'un haut
gradé, il se trouvait astreint à une
corvée consistant à transvaser le contenu de
fosses d'aisance dans les luxueux jardins d'une luxueuse
villa appartenant au grand état-major de la
région, près de Kiev, en 1960. Avec lui, un
autre aspirant puni, un artilleur. Mais laissons parler
Souvarov, qui s'adresse à son camarade : "Ecoute,
l'artilleur, la vie est dure, pour nous, en ce moment, mais
l'heure est proche où nous vivrons dans un paradis
comme celui-ci, le communisme. Ce sera la belle vie, non
?
- La belle vie ? Avec nos mains
pleines de merde ? (...)
- Mais non pas du tout, dis-je
sincèrement peiné par un tel manque
d'enthousiasme..."
Et le candide Viktor de
décrire poétiquement de petits villages de
poupées avec des lacs. Son camarade le coupe : "Tu es
idiot. Tout tankiste que tu es, tu es un véritable
idiot !
- Mais pourquoi dis-tu ça ?
demandai-je d'une voix indignée. Attends un peu,
explique-moi pourquoi je suis un idiot.
- A ton avis, qui pompera la merde,
sous le communisme ?"
Le passage d'un surveillant les
oblige à se taire. Quand ils sont de nouveau seuls,
le tankiste répond : "Chacun nettoiera sa propre
merde. Et en plus il y aura des machines !
- Est-ce que tu as lu Marx
?
- Evidemment."
Suit une implacable
démonstration de l'artilleur sur les "sales boulots"
: "... Et les serveurs, il y en aura, sous le communisme ?
Pour le moment c'est un travail qui rapporte, mais quand
l'argent aura disparu, comment ça se passera ? Et
finalement, pour quelqu'un qui, au jour d'aujourd'hui, n'a
pas la moindre idée sur comment s'y prendre pour
nettoyer la merde, comme le camarade Yakoubovsky
lui-même (le général commandant la
région), est-ce qu'il a le moindre
intérêt à devoir nettoyer sa propre
merde tout seul ? Alors, sers-toi de ta tête ! Et
à présent tais-toi, on arrive près du
garde !"
Viktor est atterré,
indigné. Il ne croyait pas qu'un tel homme pouvait
exister. Hors de lui, dès qu'il peut
répliquer, il tempête : "Mais pourquoi ?
Espèce d'ordure contre-révolutionnaire,
comment as-tu fait pour ne pas te faire hacher menu ? Tu
n'es qu'un porc antisoviétique." Son indignation lui
fait commettre une maladresse qui leur vaudra à tous
deux cinq jours d'arrêts
supplémentaires.
Et la discussion reprend dès
qu'elle le peut. L'artilleur assène : "Essaie
simplement d'imaginer que le communisme arrive demain
matin.
- Non. C'est impossible, il faut
d'abord que ses bases matérielles aient
été construites.
- Imagine simplement que nous soyons
en 1980 et que le Parti, comme il l'a promis, ait
créé ces bases. Tu peux me dire ce que le
brave secrétaire du comité de district va y
gagner ? Hein ? Plein de caviar ? Mais il en a
déjà tellement, de caviar, qu'il pourrait le
prendre en suppositoires si l'envie lui en venait..."
L'artilleur continue longuement son
tir de rupture sur les privilèges de la nomenklatura,
démontrant amplement qu'elle n'a vraiment rien
à gagner au communisme. Il en vient au coup de
grâce : "Tu as lu Lénine ? Tu te souviens de la
date qu'il donnait pour le communisme ? Dix à quinze
ans ! Vrai ou faux ? Et Staline, dix à quinze ans ;
de temps en temps il allait jusqu'à vingt. Et ce Bon
Nikita Serguéïévitch (Khrouchtchev, alors
au pouvoir) ? Vingt ans ; et cette fois-là, le Parti
tout entier a juré que c'était pour de bon. Et
tu crois vraiment que 1980 verra l'avènement du
communisme ?"
Cette fois, le blindage est
percé.
Cette "initiation" d'un genre
particulier, des dizaines de millions de soviétiques
l'ont vécue, sous une forme ou une autre, et sont
aussitôt devenus soit des rebelles en puissance, soit
des profiteurs éhontés, l'un n'excluant
d'ailleurs pas l'autre. Alexandre Soljenitsyne fait dire
dans "Le pavillon des cancéreux" à son
personnage Oleg Kostoglotov (qui manifestement le
représente) : "J'y ai cru jusqu'à la guerre
contre la Finlande..." .
Quand la proportion
d'"initiés" est devenue trop forte dans la
population, et que les structures répressives ont
été trop usées, tout l'édifice
s'est écroulé.
Le
Christianisme est né aux environs de l'an 30 de notre
ère, en Palestine, sous domination romaine. L'Empire
romain avait alors poussé à un point rarement
atteint dans l'Histoire l'exaltation du principe de
compétition et le rejet corrélatif du principe
de solidarité.
Le meilleur et quasiment le seul
moyen de parvenir aux hautes sphères du pouvoir
était d'avoir conquis un maximum de territoires,
tué un maximum d'ennemis, ramené un maximum
d'esclaves. C'était le cas de l'empereur du moment,
Tibère. Le moindre sentiment de pitié
était considéré comme une faiblesse
dégradante pour un homme. Tout n'était pas
permis, le respect de la Loi et de la parole donnée
s'imposait en principe à tous (une
société fondée à la fois sur le
mythe final de compétition et celui de liberté
n'est pas viable), mais il était licite de maltraiter
ses esclaves, de les tuer, de les mutiler, d'essayer des
poisons sur eux, de les livrer en nourriture aux
bêtes, etc. Et quand un esclave tuait son
maître, tous les esclaves de ce maître
étaient crucifiés.
Là-dessus, dans une province
mal assimilée de cet empire, intervient un homme
nommé Jésus qui se met à exalter le
principe de solidarité à un point jamais
atteint, ni avant ni après lui. Au point de rejeter
non seulement toute idée de compétition (Lao
Tseu l'avait fait avant lui), mais même le plus
élémentaire instinct de survie. "Moi, je vous
dis de ne pas résister au méchant. Si
quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui
aussi l'autre. Si quelqu'un veut plaider contre toi, et
prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Si
quelqu'un te force à faire un mille, fais-en deux
avec lui. Donne à celui qui te demande ; et ne te
détourne pas de celui qui veut emprunter de toi"
(Matthieu, V, 39-42). "Ne vous inquiétez donc point,
et ne dites pas : Que mangerons-nous ? Que boirons-nous ? De
quoi serons-nous vêtus ? Car toutes ces choses, ce
sont les païens qui les recherchent. Votre père
céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez
premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et
toutes ces choses vous serons données par-dessus"
(Matthieu VI, 31-34). Etc.
Et Jésus est
conséquent. Il ne cherche qu'à convaincre,
jamais à combattre. Et soit dit en passant, on ne l'a
pas assez remarqué, il est formidablement doué
pour convaincre : démonstrations logiques, petites
phrases bien assenées, paraboles éclairantes,
questionnements pertinents, sentiments, humour, bon sens,
appel quand il le faut au texte de référence
accepté par son auditoire, la Torah, rien ne manque
à sa panoplie. Quand on pense qu'on est dans la
vérité, et qu'autrui est dans l'erreur, la
solidarité s'appelle convaincre. Mais quand il n'y
parvient pas, à convaincre, Jésus ne sait
qu'accuser tristement le coup, voire maudire les
récalcitrants.
Chez lui la solidarité doit
aller jusqu'à l'extrême, donner sa vie. Quand
ses disciples veulent combattre pour le préserver de
l'arrestation et de la mort, c'est lui qui les en
empêche. Parce qu'il a décidé de toute
éternité de se laisser arrêter, dit le
dogme. On peut imaginer qu'il espère convaincre,
encore, ceux qui viennent l'arrêter (le discours que
lui prête l'Evangile de Marc admet cette
interprétation, et on peut également imaginer
que les autres évangiles ont été
"complétés" pour mieux coller au dogme
défini par la suite). Mais le résultat est le
même : il persiste à refuser la lutte, qui
paraît plus que jamais s'imposer. Les apôtres,
qui étaient sans doute prêts à se faire
tuer pour lui, ne comprennent vraiment plus et
s'enfuient.
On peut remarquer que le
Christianisme, dans ses périodes conquérantes,
s'est principalement étendu au détriment de
systèmes qui se trouvaient
déséquilibrés dans l'autre sens, celui
de la compétition. Et on peut penser qu'il va encore
trouver là un nouveau souffle, une nouvelle
justification, une nouvelle utilité, face aux
monstruosités de l'ultra-libéralisme. Par
contre, même au plus haut de sa force, il n'a jamais
pu mordre significativement sur les croyances partageant le
même déséquilibre (Bouddhisme ) ou
équilibrées sur ce plan (Islam).
Une société ne peut
subsister longtemps sur une base aussi
déséquilibrée. Néanmoins, le
Christianisme s'est maintenu. Pourtant, nombre de ses plus
hauts dignitaires ont bafoué le principe de
solidarité bien plus lourdement et bien plus
ouvertement que n'importe quel fils dévoyé de
la Nomenklatura soviétique. Certains
évêques du Moyen-âge n'étaient que
des brigands sanguinaires qui pillaient et
dévastaient des provinces entières. Lupold,
évêque de Worms au début du
treizième siècle, encourageait cyniquement ses
soldats qui hésitaient à piller les
églises : "C'est bien assez de laisser les ossements
des morts en repos..." Et à son frère qui lui
faisait des remontrances : "Quand nous serons tous les deux
en enfer, nous échangerons nos places, si tu le
désires..." Et à l'époque, cette sorte
d'évêques n'était pas une exception, et
bien souvent ils étaient absous par le
Vatican.
Le Christianisme y a
survécu, et en a, en gros, guéri. Il avait
donc apparemment d'autres atouts, d'autres talents, d'autres
valeurs que la doctrine de Lénine. Je traite ici
essentiellement de l'aspect autogène, à la
fois contagieux et illusoire. Les valeurs sont un autre
sujet, qu'il faut simplement ne pas perdre de vue pour ne
pas tomber dans un réductionnisme également
illusoire (et éventuellement contagieux). Voici
quelques pistes qui ne prétendent évidemment
pas faire le tour de la question.
Au même moment que ce Lupold
vivait un certain François d'Assise, accepté
(de justesse) par l'Église. L'idéal n'a jamais
été totalement perdu, même s'il
n'était plus recherché que par une
minorité. L'URSS de Staline n'avait aucune place pour
les François d'Assise, sinon au Goulag.
Le Christianisme a compris
dès l'origine que la solidarité, si elle est
bonne, doit aider autrui à devenir solidaire.
Grâce à une certaine histoire de paille et de
poutre (Matthieu, VII, 4) il n'est pas complètement
tombé dans le travers du marxisme, consistant
à dire que les ennemis de la solidarité, ce
sont toujours par définition les autres, les
exploiteurs et leurs laquais.
On peut avancer aussi que le
concept de "charité" dépasse celui de
"solidarité", même s'il n'est pas simple
d'expliquer en quoi. "Quand je distribuerais tous mes biens
pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais
même mon corps pour être brûlé, si
je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien..."
(I Corinthiens, XIII, 3).