Yéti, Bigfoot, Almasty,
Kakundakari, Yowie... dans ce qui suit, pour simplifier, on
parlera d'HR, Homme (ou Hominoïde) Reliques. Je ne
poserai pas directement la question de savoir s'ils sont, ou
lesquels sont, des hommes, des animaux, ou bien, horreur,
quelque chose d'intermédiaire.
Il sera essentiellement question
de leurs rapports avec les animaux, ou plus modestement ce
que nous pouvons en entrevoir. Vu la rareté et la
disparité des données, cette étude ne
peut être que qualitative, sans prétention
à l'exhaustivité. Mon but n'étant pas
de prouver directement l'existence des HR, je mêlerai
sciemment les témoignages les mieux
étayés et les légendes qu'ils ont
manifestement ou peut-être
inspirées.
Avec les animaux
sauvages
a) prédations
Pendant longtemps s'est maintenue
l'idée (le mythe ?) que les HR (les "gentle giants"
comme disent les Américains de leurs bigfoots) ne
chassent pas, ou ne chassent que de très petites
proies. Cela a fait long feu.
Dans de très nombreux cas,
signalés surtout à partir de 1970, des
ruminants de petite taille (de nombreux cerfs, surtout des
jeunes, au moins un boeuf
musqué1)
ont été ainsi tués par des bigfoots,
dans le nord-ouest et plus encore dans le nord-est des USA
(Ohio, Pennsylvanie, Wisconsin, Tennessee...). Le
scénario est remarquablement homogène par
:
- la façon de tuer la proie,
en la saisissant par les andouillers ou les cornes, et en
lui brisant la nuque.
- la façon de l'emporter,
sur le dos, tenue par une main.
- la façon de la consommer,
en ouvrant le ventre, en en sortant les entrailles et en ne
mangeant que le foie, et éventuellement la moelle des
os longs.
- la période de
l'année où cela se produit, le plus souvent
l'automne.
C'est Matt Moneymaker qui a mis
à jour ce comportement, à partir de 1992 (voir
http://www.moneymaker.org),
et qui l'a expliqué. Le foie représente la
meilleure source possible de vitamines et de lipides
indispensables pour affronter l'hiver.
Ce scénario, très
bien étayé, conduit à une surprise de
taille. Car le premier à l'avoir observé
à ma connaissance n'est autre que Frank Hansen, le
malheureux détenteur de l'illustrissime Homme
pongoïde, alias Iceman.
b) charognages
Le très visionnaire Boris
Porchnev2
a surpris et choqué les paléontologistes en
affirmant que les néandertaliens de Techik Tach
étaient des charognards, qui
récupéraient les carcasses de bouquetins
tués par la panthère des neige. Mais il
convient d'étudier plus en détail la
façon dont s'opère ce charognage.
c) gibier volé à des
chasseurs
Les dossiers du BFRO renferment
deux cas de cerfs tués par des chasseurs et
subtilisés par des HR, un dans l'Ohio (où le
"grassman" (nom donné aux bigfoots de l'Ohio) a
dû guetter le moment propice, car le chasseur ne s'est
éloigné de son gibier qu'un court instant, et
néanmoins il n'a vu que les traces de pas du voleur),
un dans le Maine.
d) "alliances"
C'est encore Boris Porchnev qui a
le premier, à ma connaissance, soulevé ce
lièvre. Il expose un exemple saisissant, datant du
dix-neuvième siècle, rapporté par
l'explorateur russe Baïkov en Mandchourie. [voir
article Leur
QI].
Porchnev n'est pas le seul à
mentionner de telles alliances. Robert
Hutchison3
relève que le Yéti s'associe couramment avec
la panthère des neiges.
Cela rejoint un rapport de
l'été 1978, dans
l'Ohio4.
Un grassman s'est manifesté à de nombreuses
reprises, et pas moins de neuf personnes ont pu
témoigner. Une fois, il était
accompagné de deux gros félins, qu'il semblait
protéger. Ces gros félins constituent par
eux-même un petit problème cryptozoologique.
Mais si on ne connaît de pumas "officiellement" que
dans l'ouest, on en signale beaucoup dans
l'est...
e) assistance
Ici, nous trouvons d'abord le mythe
babylonien de Gilgamesh, et son ami Enkidou, qui est d'abord
un homme sauvage et velu d'une force herculéenne. "Il
avait pitié des quadrupèdes et les
défendait contre les attaques des hommes. Colosse
chevaleresque, il comblait les fosses creusées par
les chasseurs à l'intention des loups, et il brisait
leurs pièges. Les créatures des steppes
voyaient en lui un défenseur puissant, et les fauves
l'approchaient sans crainte..."
Cette habitude des HR de
libérer les animaux pris dans des pièges est
aussi mentionnée :
- au Kenya, d'après
Jacqueline
Roumeguère-Eberhardt5.
- au Zaïre, d'après
Charles
Cordier6,
à cette différence majeure près qu'il
s'agit plutôt pour les kakundakaris de dévorer
que de délivrer. Mais c'est peut-être là
toute l'explication, pour les autres cas aussi.
f) voisinage harmonieux
Je dois à Henry Franzoni la
charmante liste suivante, qui pourrait inspirer Alika
Lindberg.
- Un homme observe un bigfoot dans
une clairière. Soudain, de nombreux papillons se
posent sur le bigfoot, jusqu'à le recouvrir, avant de
s'envoler.
- 13 girl-scouts observent un
bigfoot qui les regarde, dans une clairière du nord
de la Californie. Des écureuils s'ébattent
entre les pieds du bigfoot, sans crainte.
- Un médecin et son
épouse observent un bigfoot depuis un train
arrêté en pleine campagne entre The Dalles et
Portland (Oregon). Des oiseaux volent autour de sa
tête, paraissant jouer avec lui.
Quant à tirer des
conclusions définitives d'observations aussi
isolées, c'est une autre histoire.
Avec les animaux
domestiques
a) hostilité
L'hostilité ou la peur
réciproques entre les chiens et les HR, en Asie comme
en Amérique, apparaît comme une des constantes
les plus souvent observées. Lan-Jen [voir article
Leur
QI] tentait
d'égorger tous les chiens qu'il voyait. On
connaît d'innombrables cas de chiens tués par
des bigfoots. Les almastys du Caucase, à l'inverse,
seraient très souvent les victimes des chiens... au
point qu'on peut se demander si ce n'est pas la cause
principale de leur raréfaction au cours de ce
siècle.
D'un point de vue "sapiens", il
paraît étrange qu'on puisse amadouer les loups
et pas les chiens. Mais ces derniers, bien avant
d'être de garde ou d'agrément, ont longtemps et
exclusivement été de chasse ou de berger, donc
l'instrument privilégié de la domination de
l'Homme sur l'Animal.
b) prédation
Elle est parfois similaire à
celle observée sur les animaux sauvages. Ivan
Sanderson11 évoque des moutons peut-être
éventrés par des bigfoots dans l'Idaho, aux
environs de 1870. Robert Hutchison (opus cité) cite
un yack traité exactement de la même
façon que les cerfs par les bigfoots (nuque
brisée, ventre ouvert...), par un chuti (ou
"dzu-teh", le "grand yéti"). L'agresseur avait
préalablement projeté dans un torrent la jeune
fille qui gardait le troupeau (et qui néanmoins s'en
est sortie et a témoigné).
c) jeu
Le dernier HR ayant fait l'objet
d'un rapport circonstancié en France, en 1774, dans
la forêt d'Iraty, s'amusait à poursuivre des
brebis, sans leur faire de mal [voir article].
En août 1991, un almasty
facétieux s'amusait chaque nuit à tresser la
crinière d'une jument dans son écurie. On
avait déjà signalé des cas de ce genre
dans le Caucase, mais on pensait que c'était fortuit,
le cheval s'étant emmêlé lui-même
les crins en se frottant. Par chance, cette fois, une
expédition d'étude des almastys se trouvait
dans les parages et en a eu vent. Un de ses membres, le
zoologiste ukrainien Gregory Pantchenko, a passé une
nuit dans l'écurie et a pu observer l'almasty, et
surtout les
tresses8.
Bizarrement, un autre cas de crinière de cheval
tressée, attribuée à un HR, a
été signalé en Colombie.
J'ai trouvé un curieux
écho dans les Alpes
françaises9,
dans la Haute-Savoie, la Savoie, les Hautes Alpes. Il s'agit
de "légendes", mais il y est explicitement question
de crinières de juments tressées par des
créatures appelées diversement, couramment
décrites comme nocturnes, velues, avec des seins
très longs pour celles de sexe féminin,
etc.
d) La traite des vaches
Aller la nuit traire ou
téter les vaches, en tout cas boire leur lait, est
aussi un trait commun de comportement entre les almastys
d'une part, les servans, follatons, carcaris du
Dauphiné et de Savoie d'autre part...
e) un cas ambigu...
C'est Matt Moneymaker qui l'a
recueilli auprès d'un policier [voir article
Leur
QI].
Jean Roche
Notes
1 Observation de Datus Perry,
l'homme qui détiendrait le record du nombre
d'observations de bigfoots, soit douze... en près de
cinquante ans pendant lesquels il a presque constamment
travaillé et résidé en forêt, et
en plein coeur du "pays bigfoot" (vu sur le web de Kyle
Mikozami).
2 Boris Porchnev et Bernard
Heuvelmans, "L'homme de Néanderthal est toujours
vivant", Plon, 1974, p 39.
3 Robert A Hutchison, "Sur les
traces du Yéti", Lafont, 1991 (édition
originale : "In the tracks of the yeti", Macdonald et co,
Londres, 1989).
4 Archives de Ron Schaffner, sur
http://home.fuse.net/rschaffner/.
5 Jacqueline
Roumeguère-Eberhardt, "Dossier X : les
Hominidés inconnus des forêts d'Afrique",
Lafont 1987.
6 Bernard Heuvelmans, "Bêtes
humaines d'Afrique", Plon, 1980.
7 Ivan Sanderson, "Homme des neiges
et Homme des bois", Plon, 1963 (traduit de "Abominable
Snowmen, legend come to life", Chilton, 1961).
8 Dmitri Bayanov, "In the footsteps
of the Russian Snowman", Cripto Logos, Moscou,
1996.
9 Ma source est :
Alice Joisten et Christian Abry, "Etres fantastiques des
Alpes", Entente, 1995. Il s'agit de témoignages
"légendaires" de personnes âgées,
transcrits tels quels. Extraits choisis :
"Les carcari étaient petits
et bourrus (poilus). Ils habitaient dans les montagnes, dans
les bois. Ils se nourrissaient de racines et de fruits. Ils
volaient pendant la nuit les pommes de terre et du linge aux
gens. (La Valette, Isère, 1958)."
Plus troublant encore, même
si le caractère velu n'est plus explicitement
mentionné :
"Il y a au bord du torrent du
Bréda un endroit où on allait ramasser de
l'herbe et où il y a un rocher en surplomb
appelé le Verney de la sarradine (sic). Les sarrasins
habitaient là-dessous. Ma mère les a vus.
C'étaient des hommes sauvages qui ne savaient pas
parler. Ils venaient dans le village et restaient devant les
portes jusqu'à ce qu'on leur donne quelque chose.
Pour s'en débarrasser il fallait leur donner la
moitié d'un pain. (Saint-Maximin, Isère,
1958)."
"Les esprits follets faisaient une
terne (tresse) dans la queue et la crinière de la
jument du voisin de mon père (...) On ne voyait
personne. (Valmeinier, Savoie, 1961)."
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