A propos de l'histoire des plaies
d’Égypte
et de l’Exode, on a aussi la version égyptienne, en
plusieurs variantes
rapportées pour les réfuter par Flavius
Josèphe dans son Contre Apion.
Et si elle est bien différente, et
particulièrement
malveillante pour les Juifs, il y est aussi question d’une
maladie
infectieuse ! D’abord Manéthon (que
l’on ne connaît d’une manière
générale que par des citations d’autres
auteurs) :
Il prend la
liberté, sous
prétexte de raconter les fables et les propos qui courent
sur les Juifs,
d’introduire des récits invraisemblables et veut
nous confondre avec une foule
d’Égyptiens lépreux et atteints
d’autres maladies, condamnés pour cela, selon
lui, à fuir l’Égypte.
Ce qui sera encore
aggravé par un autre
auteur
égyptien :
D’après
lui [Lysimaque], sous
Bocchoris, roi d’Égypte, le peuple juif atteint de
la lèpre, de la gale et
d’autres maladies, se réfugia dans les temples, et
y mendiait sa vie. Comme un
très grand nombre d’hommes étaient
tombés malades, il y eut une disette en
Égypte.
Sur
indication d’un oracle, les lépreux et les galeux
sont noyés et les autres Juifs
(on ne sait pas très bien ce que représentent les
Juifs dans ce contexte),
considérés comme également impurs,
sont chassés dans le désert pour qu’ils
périssent. Sauf que :
Ceux-ci
s’assemblèrent,
délibérèrent sur leur
situation ; la nuit venue, ils allumèrent du feu et
des torches, montèrent la garde, et, la nuit suivante,
après un jeûne, ils
prièrent les dieux pour leur salut. Le lendemain, un certain
Moïse leur
conseilla de suivre résolument une seule route
jusqu’à ce qu’ils parvinssent
à
des lieux habités et leur prescrivit de n’avoir de
bienveillance pour aucun
homme, ni de jamais conseiller le meilleur parti, mais le pire, et de
renverser
les temples et les autels des dieux qu’ils rencontreraient.
Et
donc les autorités égyptiennes, loin de retenir
à toute force les Juifs comme
le veut l’Exode, les auraient finalement chassés
parce que contaminés, ou
impurs en lien (pas forcément clair) avec une maladie
contagieuse ! Les
autres versions citées et condamnées par
Josèphe vont dans le même sens, même
s’il ne manque pas de souligner leurs contradictions. On
trouvera encore cette
histoire dans un étrange ouvrage du dix-septième
siècle, vaguement inspiré de
Spinoza, et qui a beaucoup circulé, plus ou moins sous le
manteau, tout au long
du siècle suivant. C’est le Traité
des
trois imposteurs (comprendre : Moïse,
Jésus et Mahomet).
Le
célèbre
Moïse,
petit-fils
d’un grand magicien, au rapport de Justin Martyr,
s’étant rendu chef des
Hébreux, que l’on chassa
d’Égypte par édit, parce
qu’ils infectaient tout le
pays de rogne et de lèpre dont ils étaient
gâtés, fut un de ceux qui suèrent
avec le plus d’adresse de ce stratagème.
Après six jours de marche dans une
pénible retraite, il commanda à ces
misérable bannis de consacrer le septième
à
Dieu, par un repos public, afin de leur faire croire que ce Dieu le
favorisait.
Flavius Josèphe, Contre
Apion,
Les
Belles Lettres, 1972, p56-58.
Traités des trois imposteurs
Moïse, Jésus,
Mahomet, Max Milo Éditions, 2002, p62.
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