Razi

Abū Bakr Muhammad ibn Zakarīya al-Rāzi (en latin Rhazes 865-925) a initié la neurologie en distinguant les nerfs moteurs et sensitifs, la pharmacie moderne en découvrant notamment les vertus curatives du mercure et l'importance du dosage. Il a largement contribué à lancer la chimie en isolant l'éthanol et l'acide sulfurique. Il a fait progresser la chirurgie (invention entre autres du seton) et bien d'autres branches encore de la médecine, posant les règles d'un bon diagnostic, mettant en évidence l'importance du moral et de l'entourage, distingué des maladies que l'on confondait avant lui comme la variole et la rougeole, etc. etc. Sa grande œuvre est une énorme encyclopédie, Kitab al-Hawi fi al-Tibb, sur laquelle il a travaillé pendant quinze ans.

Mais aussi, bien que musulman au départ, il rejetait l'essentiel de l'Islam dans des ouvrages aux titres éloquents : Les Mensonges des Prophètes, Les Stratagèmes de Ceux Qui Prétendent Être des Prophètes, et De la Réfutation des Religions Révélées. Ils ne sont pas parvenus jusqu'à nous, on les connait pas des réfutation d'auteurs ismaéliens. Extraits choisis :

[Les prophètes] ne peuvent pas prétendre à une quelconque supériorité intellectuelle ou spirituelle. Ils prétendent apporter un message de Dieu, se fatiguent à dégoiser leurs mensonges et veulent imposer aux masses une obéissance aveugle aux "paroles du maître". Les miracles des prophètes sont des impostures, basées sur des supercheries, et les histoires qu'on raconte à leur propos ne sont que des mensonges. Leur duperie est évidente dans le fait qu'ils se contredisent tous, l'un affirme ce que l'autre renie, et cependant tous prétendent être les seuls dépositaires de la vérité. Ainsi le Nouveau Testament contredit la Torah et le Coran abroge le Nouveau Testament. Quant au Coran, il n'est qu'un ramassis de fables absurdes qui se contredisent et que l'on estime de façon ridicule comme inimitable, alors que son style, sa langue et son éloquence tant vantés sont en fait loin d'être parfaits.

Cela montre qu'au moment où il était à la pointe de la civilisation, le monde musulman était beaucoup plus ouvert et tolérant que le monde chrétien d'alors, et aussi beaucoup plus ouvert et tolérant qu'il ne l'est aujourd'hui dans l'ensemble. Mais aurait-il pu être à la pointe de la civilisation sans être un minimum ouvert et tolérant ?

Si l'on demande aux gens de cette religion des preuves de la solidité de leur religion, ils deviennent évasifs, se fâchent et répandent le sang de quiconque les confronte à cette question. Ils interdisent la spéculation intellectuelle, essayent de tuer leurs adversaires. C'est pourquoi la vérité est devenue complètement silencieuse et cachée. Tout cela au nom de ceci et de cela...