2 septembre 2009, régulièrement enrichi

Raccourcissements de citations


Une façon particulièrement répandue de désinformer... on a le droit de me suggérer d'autres exemples...

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"Quiconque tuerait un homme, c'est comme s'il avait tué tous les hommes" (Coran, sourate 5, verset 32).

Cette sentence est souvent invoquée pour signifier que l'Islam condamne absolument l'homicide (NB la formulation vient du Talmud). Sauf que... voici le verset intégral :

C'est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d'Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les hommes. En effet Nos messages sont venus à eux avec les preuves. Et voilà qu'en dépit de cela, beaucoup d'entre eux se mettent à commettre des excès sur la terre.

C'est tout de même plus restrictif (ici la version Hamidullah, le mot arabe très général traduit par "corruption", "fasad", est aussi souvent rendu par "désordre"). Le Coran ne précise pas davantage, la Charia le fait pour lui : il s'agit de brigandage, d'adultère, ou d'apostasie. Les deux versets suivants disent ceci : 

La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s'efforcent de semer la corruption sur la terre, c'est qu'ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu'ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l'ignominie ici-bas, et dans l'au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment, excepté ceux qui se sont repentis avant de tomber en votre pouvoir : sachez qu'alors, Allah est Pardonneur et Miséricordieux.

"Aime et fais ce qu'il te plait" (Saint Augustin).

Ce qu'il me plait, vraiment ? Sauf que... texte plus complet :

Faites bien attention à ceci : les actions humaines se discernent les unes des autres par le principe de la charité. Beaucoup peuvent se faire, qui aient les apparences de la bonté et qui, néanmoins, ne soient pas le fruit de la charité. Les épines mêmes ne fleurissent-elles pas ? Certains actes, au contraire, semblent durs et cruels, qui se font, par motif de charité, pour le règlement des moeurs. Une fois pour toutes, on t'impose un précepte facile : Aime, et fais ce que tu voudras. Soit que tu gardes le silence, garde-le par amour ; soit que tu cries, élève la voix par amour ; soit que tu corriges autrui, corrige-le par amour ; soit que tu uses d'indulgence, sois indulgent par amour ; aie dans le coeur la racine de l'amour, et de cette racine il ne pourra rien sortir que de bon.

Il s'agit donc seulement d'éducation, sans remettre en cause les normes générales.

"L'’inconscient aryen par contre possède un potentiel plus élevé que celui du Juif" (Carl-Gustav Jung, en 1934).

Cette sentence pour le moins lapidaire a été récupérée notamment par Ernest Jones pour taxer Jung, disciple puis dissident de Freud, d'antisémitisme aggravé de connivence avec le nazisme. Oui mais... citation plus complète :

En tant que membre d'une race à la civilisation trois fois millénaire, le Juif, comme le Chinois cultivé, possède un champ de conscience psychologique beaucoup plus vaste que le nôtre. Mis à part les individus créateurs, le Juif moyen est beaucoup trop conscient et différencié pour devenir gros de tensions d'un futur à naître. L'inconscient aryen par contre possède un potentiel plus élevé que celui du Juif. C’'est à la fois l'avantage et l'inconvénient d'une jeunesse non encore sevrée de toute barbarie.

C'est encore très discutable, mais ce n'est plus la même chose !

"Pourquoi les Arabes feraient-ils la paix ? Si j’étais, moi, un leader arabe, jamais je ne signerais avec Israël. C’est normal : nous avons pris leur pays. Certes, Dieu nous l’a promis, mais en quoi cela peut-il les intéresser ? Notre Dieu n’est pas le leur. Nous sommes originaires d’Israël, c’est vrai, mais il y a de cela deux mille ans : en quoi cela les concerne-t-il ? Il y a eu l’antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu’une chose : nous sommes venus et nous avons volé leur pays. Pourquoi l’accepteraient-ils ?" (David Ben Gourion, vers 1956).

Souvent cité par des militants antisionistes pour montrer la conscience de commettre une forfaiture, le cynisme de ceux qu'ils dénoncent (il faudrait d'ailleurs nuancer, il y a toujours eu des Juifs dans cette région, mais il donne le point de vue adverse). La suite, généralement omise, change quelque peu la perspective : 

"Ils oublieront peut-être dans une ou deux générations, mais, pour l’instant, il n’y a aucune chance. Alors, c’est simple : nous devons rester forts, avoir une armée puissante. Toute la politique est là. Autrement, les Arabes nous détruiront". J’étais bouleversé par ce pessimisme, mais il poursuivit : "J’aurai bientôt soixante-dix ans. Eh bien, Nahum, me demanderais-tu si je mourrai et si je serai enterré dans un État juif que je te répondrais oui : dans dix ans, dans quinze ans, je crois qu’il y aura encore un État juif. Mais si tu me demandes si mon fils Amos, qui aura cinquante ans à la fin de l’année, a des chances de mourir et d’être enterré dans un Etat juif, je te répondrais : cinquante pour cent". Mais enfin, l’interrompis-je, comment peux-tu dormir avec l’idée d’une telle perspective tout en étant Premier ministre d’Israël ? " "Qui te dit que je dors ?" répondit-il simplement.
(Source, Wikipedia)

Cela ne change pas tout, mais il y a quand même davantage un sentiment de fatalité, et un pessimisme. Le même Ben Gourion, encore optimiste, avait écrit (à son fils) en 1937 : "Nous ne souhaitons pas et nous n'avons pas besoin de chasser les arabes et de prendre leur place. Tous nos espoirs reposent sur l'idée-vérifiée tout le long de notre activité sur cette Terre [d'Israël] - qu'il y a suffisamment d'espace dans le pays pour nous et pour les arabes".

"On a malheureusement découvert des munitions allemandes dans les fosses de Katyn. (...) En tout cas, il est nécessaire pour le moment de garder le secret sur cet incident. S'il venait à être connu de nos ennemis, toute l'affaire de Katyn s'effondrerait" (journal de Joseph Goebbels à la date du 8 mai 1943).

Bien que la culpabilité soviétique dans le massacre des officiers polonais à Katyn (et ailleurs) soit largement prouvée, et d'ailleurs admise par la Russie, des gens persistent à citer ce texte pour en douter et impliquer les nazis (certes on ne prête qu'aux riches...). Sauf que voici la citation plus complète :

"On a malheureusement découvert des munitions allemandes dans les fosses de Katyn. Il faut maintenant découvrir comment elles se sont retrouvées là. Soit il s'agit de munitions que nous avons vendues aux Russes à l'époque de nos arrangements à l'amiables avec eux, soit ce sont les Soviets eux-mêmes qui ont jeté ces munitions dans les fosses. En tout cas, il est nécessaire pour le moment de garder le secret sur cet incident. S'il venait à être connu de nos ennemis, toute l'affaire de Katyn s'effondrerait".

Ce qui n'est plus du tout la même chose...


"Du plus grand des mensonges, l’on croit toujours une certaine partie : la grande masse du peuple laisse en effet plus facilement corrompre les fibres les plus profondes de son coeur qu’elle ne se lancera, volontairement et consciemment, dans le mal : aussi, dans la simplicité primitive de ses sentiments, sera-t-elle plus facilement victime d’un grand mensonge que d’un petit" (Adolf Hitler, Mein Kampf, 1).

Cet extrait est couramment invoqué pour soutenir que, quand il lançait une monstruosité, Hitler était conscient de mentir. Mais voici ce qui précède, ce qui amène cette considération :

Tandis que l’on stigmatisait Ludendorff en l’accusant de la perte de la guerre mondiale, les armes du droit moral furent retirées des mains du seul accusateur dangereux qui pût se dresser contre les traitres à la patrie. On partit à cet égard de ce principe très juste que, du plus grand des mensonges...

Erich Ludendorff, qui avait commandé en second l'armée allemande à la fin de la Première Guerre Mondiale, marchait avec Hitler au moment de la rédaction de Mein Kampf (il devait s'en repentir par la suite). C'est donc une indignation que le futur führer exprime. Rien, donc, ne permet de faire dire à ce passage qu'Hitler mentait et ne délirait pas quand il lançait une monstruosité.

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