Discours catholique avant
1965
Discours
catholique après 1965
Discours
protestant
Discours
islamique
Un
discours réincarnationniste
C'est autour du thème de la
mort que se constitue pour l'essentiel le noyau
autogène des religions. Cela ne signifie pas, bien
entendu, qu'il faille les réduire à cet
aspect. Des sondages indiquent régulièrement
qu'environ un quart des personnes qui s'affirment
catholiques ne croient pas à la vie éternelle,
ou croient à la réincarnation. Ce n'est
sûrement pas particulier aux Catholiques. D'aucuns
s'en étonnent, ou s'en indignent, ou s'en moquent.
Mais, plus positivement, on peut y voir le signe que ces
personnes savent distinguer entre le côté
autogène (ou peu importe comment on l'appelle) et ce
qu'elles considèrent comme les valeurs les plus
essentielles (qui ne sont pas notre sujet mais qu'on ne peut
totalement oublier).
Le sort de notre âme, ou de
notre esprit, après notre mort physique, est un
support particulièrement puissant de discours
autogène. Car on ne peut totalement se
désintéresser de son sort personnel. Et sur
cette question on peut imaginer des réponses à
l'infini, y compris l'infini de la durée, mais
beaucoup moins prouver... dans un sens ou un autre,
d'ailleurs.
Toutefois, ce qui compte est moins
ce qui va nous arriver que ce que nous pouvons faire ou ne
pas faire, penser ou ne pas penser "ici-bas" pour que cela
se passe le mieux ou le moins mal possible.
Rappelons d'abord les quatre
hypothèses qui se partagent les croyances ou les
spéculations des hommes sur le sujet.
- Le néant. Il a pour lui de s'accorder avec une
conception très répandue, le
matérialisme : l'Univers, tout ce qui existe,
serait fondamentalement matière, la vie un infime
et accidentel sous-produit de la matière, et
l'esprit un infime et accidentel sous-produit de la vie.
Beaucoup de gens le considèrent comme une
certitude. Il n'en est pas moins invérifiable,
parce que le matérialisme est invérifiable
(voir Tchouang-Tseu, qui disait avoir rêvé
être un papillon, et ne "savait plus" s'il
n'était pas plutôt un papillon rêvant
être Tchouang-Tseu). Y a-t-il de quoi enflammer
l'imagination ? Pas vraiment. Finir dans le néant
n'est pas très excitant. Le néant n'est
autogène qu'indirectement, dans la mesure
où il permet aux personnes qui s'y
référent et l'acceptent de se sentir
supérieures aux autres, aux "esprits faibles" qui
ne le supportent pas. Ce n'est pas rien.
- Le jugement dernier, paradis ou enfer. Il s'appuie
essentiellement sur la conception exactement
opposée au matérialisme, et tout aussi
gratuite : l'univers entier, tout ce qui existe, ne
serait qu'un sous-produit d'un Esprit d'ordre
supérieur. Le
jugement dernier est le support le plus puissant des
discours autogènes. D'une part il ne peut
être prouvé puisqu'il suppose un
événement futur unique, et donc il s'appuie
avant tout sur l'argument d'autorité (une
autorité elle-même appuyée sur des
prodiges allégués). Certains
considérent comme un aperçu et donc une
ébauche de vérification les
phénomènes d'extase mystique ,
considérés comme un avant-goût du
paradis : une personne éprouve un bonheur intense,
indescriptible, qu'absolument rien n'explique dans sa
situation matérielle, physiologique,
etc. D'autre part c'est
lui qui frappe le plus vivement et le plus facilement les
imaginations. C'est lui aussi qu'on peut le plus
facilement relier à la vie présente,
puisque c'est bien elle qui sera jugée. C'est donc
la plus importante source de discours autogènes
puissants.
- La réincarnation. L'esprit recommence une nouvelle vie
dans un autre corps. Cette hypothèse est un peu
moins gratuite que les précédentes. Il y a
sinon des preuves du moins des indices un peu plus
consistants. Des gens se souviennent, spontanément
ou grâce à diverses techniques, de leurs
vies antérieures. Et parfois on peut effectuer des
recoupements. Mais il est facile de le mettre en relation
avec la vie actuelle, d'une manière
éventuellement simpliste, et donc il se
prête aux discours
autogènes.
- La "désincarnation". Nous appelons ainsi un état,
après la mort physique, dans lequel l'âme
continue à "vivre", c'est-à-dire à
penser et éprouver des émotions, hors de
tout support physique objectivable, provisoirement ou
définitivement. Et elle se trouve dans des
conditions qui lui permettent parfois d'entrer en contact
avec les vivants, de les influencer ou d'être
influencée par eux, à l'initiative de l'un
ou l'autre côté. C'est l'idée majeure
des spirites, qui recherchent un enseignement à
travers ces contacts. C'est aussi celle de nombre
d'animistes, qui cherchent au contraire à
éviter les influences mauvaises des défunts
par divers rites. Là encore, nous pouvons
déboucher sur une causalité simpliste, et
donc sur une autre forme possible de discours
autogène, à base de peur
irrationnelle.
Ces quatre hypothèses
peuvent fort bien coexister dans une même doctrine.
Les spirites admettent aussi bien la réincarnation
que la désincarnation. Certains Bouddhismes
enseignent qu'après la série quasi-infinie des
réincarnations on peut gagner le Nirvana,
défini tantôt comme un néant,
tantôt comme un paradis. Le Bouddhisme tantrique admet
une phase de désincarnation, les vivants pouvant
aider le défunt avant sa réincarnation (c'est
tout le sujet du Bardo Thödol, le livre des morts
tibétain). Et même le Catholicisme admet la
désincarnation, d'une part pour les "âmes du
purgatoires", que les vivants sont supposés pouvoir
aider de leurs prières, d'autre part pour une
catégorie bien particulière de défunts,
les saints, qui peuvent encore se mêler des affaires
des vivants (une des conditions indispensables pour
être canonisé est d'avoir accompli des miracles
après sa mort).
Pas de mort
Signalons enfin une conception
très particulière, marginale, la
possibilité pour certains de ne pas mourir du tout.
Elle est tellement contraire à l'expérience la
plus commune qu'on ne peut la qualifier, par
euphémisme, que d'improbable. C'est celle d'un
certain nombre de sectes millénaristes (qui croient
souvent par ailleurs au néant après la mort
physique). Leurs adeptes se persuadent que s'ils restent
fidèles contre vents et marées à leurs
doctrine dans ses multiples aspects, s'ils survivent
jusqu'à l'ultime bataille d'Harmaguédon, ils
ne mourront plus du tout.
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DISCOURS CATHOLIQUE SUR LA MORT AVANT
1965
Avant cette date, le principe
était, en schématisant : si on meurt en
règle avec l'Église, on va au Paradis (via
éventuellement le Purgatoire) ; si on ne meurt pas en
règle avec l'Église, on va en Enfer...
Dans la mesure où pour se
mettre en règle avec l'Église il faut bien
souvent payer, c'était intéressé,
certains disent crapuleux. Là encore, le
réduire à cela serait abusif. Ce principe
imposait aussi de très lourdes contraintes aux
prêtres, qui devaient notamment se tenir vingt-quatre
heures sur vingt-quatre à la disposition de leurs
ouailles pour tout sacrement indispensable. Il y avait pour
cela des sonnettes "en cas d'urgence" à
l'entrée des presbytères.
Il n'est par contre pas besoin de
souligner le côté autogène d'une telle
conception, très proche des lettres-chaînes,
puisque pour être en règle avec l'Église
il faut aussi étendre la religion si on est en
situation de le faire, ou au moins la maintenir. Au
Moyen-âge, quiconque s'engageait dans une quelconque
croisade, une guerre destinée à
défendre le pouvoir de l'Église se voyait
remettre un billet d'entrée au Paradis. On pouvait
également s'en procurer moyennant finances. Ce
système s'est, peu à peu,
discrédité par ses excès, même
après que les plus criants (les fameuses indulgences
en particulier) aient été abolis par le
Concile de Trente (seizième
siècle).
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DISCOURS PROTESTANT SUR LA MORT
C'est le discours catholique sur la
mort qui a principalement poussé Luther à s'en
désolidariser radicalement, après avoir
vainement tenté de réformer l'Église de
l'intérieur.
Mais il ne suffit pas de
proclamer : "Le Pape ment sur la mort ! Les indulgences
sont une escroquerie !" Il faut encore proposer une
vérité crédible, prête à
l'emploi, à la place de celle qu'on rejette. Et vite.
Pas question de glisser : "Nous allons convoquer une
commission de sages qui va, en pesant soigneusement tous les
aspects, étudier la réponse la plus
adéquate qu'il convient de donner à cette
grave question..." On ne mène pas une
révolution ainsi, et c'est bien d'une
révolution qu'il s'agissait, d'un renversement
complet. C'est souvent la précipitation,
imposée par les circonstances ou par une
nécessité ou pulsion intérieure, qui
génère les discours autogènes.
On sait qu'en l'occurrence la
réponse a été : "Dieu donne la
Grâce à qui Il veut, Il amène qui Il
veut à la vraie religion", la "vraie religion"
étant bien sûr celle qui venait de
naître. On en oubliait une donnée pourtant
nettement affirmée par cet Évangile auquel on
prétendait revenir : le salut par les bonnes oeuvres,
par la pratique de la charité et de la
justice.
Luther connaissait et estimait
assez son précurseur Jan Huss, brûlé
à Prague un siècle auparavant, pour faire
rééditer ses oeuvres. Huss laissait une place
au salut par les oeuvres. Son mouvement avait
été sinon anéanti, du moins circonscrit
et marginalisé après de longues luttes.
Celui de Luther s'est
répandu très vite, pas toujours sous sa forme
originelle il est vrai, en moins d'une
génération, sur des peuples entiers. Et ces
peuples se sont retrouvés bien souvent à la
pointe de ce qu'il est convenu d'appeler la civilisation. La
seule autre religion à avoir auparavant accompli
cette double performance est l'Islam, dont le discours sur
la mort est très proche. Les autres religions ont
toutes eu besoin d'une période d'incubation, si l'on
ose dire, nettement plus longue (en général,
plusieurs siècles).
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DU
COTÉ DE L'ISLAM
L'Islam a sur la question une
conception simple. Celui qui meurt musulman va au paradis,
celui qui ne meurt pas musulman va en enfer. Avec des
dérogations possibles pour les "Gens du Livre"
(Chrétiens, Juifs, Zoroastriens, voire certains
Hindouistes et Jaïnistes, etc.), qui peuvent
également espérer le salut s'il se conforment
à leur religion (mais ils n'en ont pas moins
intérêt à se faire musulmans, tandis
qu'il est interdit sous peine de mort aux Musulmans de se
convertir à ces religions).
Pour se faire, formellement,
musulman(e), il suffit de prononcer la profession de foi
islamique ("Il n'y a de Dieu que Dieu et Mohammed est
l'envoyé de Dieu"). Donc, contrairement au
Christianisme, cela ne dépend strictement que de la
volonté de l'intéressé(e).
Le "salut par les oeuvres" n'est
pas exclu, l'oeuvre la plus méritoire étant
pour beaucoup, et aujourd'hui encore, de se faire tuer pour
la religion. Il a même été
spécifié qu'un "chahid", un martyr pour la
défense de l'Islam, possédera au Paradis le
droit d'intercéder pour les personnes qui lui sont
chères. Ce privilège, un seul non-martyr en
bénéficie, le Prophète lui-même,
mort de maladie. Mais la charité n'est pas
négligée. Analogie donc avec le
Catholicisme.
Mais il est dit aussi, comme avec
le Protestantisme, que c'est la volonté de Dieu qui
décide. Et il paraît que pour le
Prophète la révélation en fut
particulièrement douloureuse... ce qui tendrait
à prouver sa sincérité.
Cela tourne autour de son oncle
Abou Talib. Ce dernier, devenu vieux, était
très lié à son neveu qu'il avait
recueilli enfant (Abdallah, père du Prophète
et frère d'Abou Talib, était mort juste
après la naissance de son fils). Et il
protégeait activement et efficacement sa nouvelle
religion, au point d'encourir la disgrâce de ses
concitoyens, et de subir un véritable boycott avant
la lettre. Mais alors qu'il encourageait les autres à
se convertir, alors que ses fils Djafar et Ali (le futur
calife) l'avaient fait depuis longtemps, il se refusa,
littéralement jusqu'à son dernier souffle,
à franchir le pas décisif et à
prononcer la Chahada. Car à l'annonce de la
dernière maladie de son oncle, Mohammed ne quitta
plus son chevet et ne cessa de le supplier, en vain.
Allait-on considérer que les
services rendus, parfois héroïquement, valaient
une conversion ? Non, et Mohammed, accablé de
chagrin, estima que son oncle grillait en enfer, et Ali, en
sa qualité de fils, fut le seul Musulman à
suivre jusqu'au bout l'enterrement du païen (Djafar se
trouvait en Ethiopie, pour le service de l'Islam).
C'est alors que fut
révélé le verset : "Ce n'est pas toi
qui dirigeras ceux que tu voudras, c'est Dieu qui dirige
ceux qu'il lui plaît ; il connaît mieux que
personne ceux qui suivent la bonne voie..." (Coran, XXVIII,
56). Luther n'a pas vraiment dit autre chose.
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LA
TORTUE BORGNE
Cette parabole représente une tentative
remarquable pour rendre plus autogène, donc plus vigoureuse et
plus forte que ses rivales, une doctrine réincarnationniste.
Elle se trouve dans le Sûtra du Lotus, chapitre 27, et c'est l'intrépide
moine Nichiren (voir ici) qui l'invoque. Nous
l'extrayons de "Troisième civilisation", la revue de la Nichiren
Shoshu française, de juillet 1987. L'article commence ainsi :
"Imaginez, par une chaude journée d'été, une mer
bleue et quelques grands nuages blancs dans le ciel. Des jeunes gens
font du surf : en équilibre sur une planche, ils glissent
à la surface de l'eau au rythme des vagues. Mais, avant d'en
arriver là, il leur a fallu apprendre à se tenir en équilibre
sur cette planche (...) Imaginez alors la difficulté pour une
tortue à se hisser sur un morceau de bois flottant à la
surface de l'océan. Une tortue borgne, de surcroît !"
Ce malheureux reptile "n'a ni
pattes ni nageoires. Son ventre est aussi brûlant que
du fer chauffé à blanc, sa carapace aussi
froide que les montagne neigeuses. Cette tortue n'aspire
qu'à une chose - jour et nuit, soir et matin, elle
n'a qu'un seul désir qui la hante à tout
moment - rafraîchir son ventre et réchauffer sa
carapace..."
Ce n'est pas que ce soit
impossible, mais enfin, il lui faudrait se hisser sur
planche de bois de santal (plutôt rare), et pour cela
remonter à la surface, ce qui ne lui est permis
qu'une fois tous les mille ans. Et même alors, la
probabilité de trouver une pièce de bois qui
convienne, de pouvoir l'approcher et s'y accrocher, est
quasi-nulle.
Moralité : "D'autres bois
flottants, comme du pin ou du cyprès, sont faciles
à trouver, mais pas un morceau de bois de santal.
Cela illustre qu'il est facile de rencontrer tous les autres
sûtras mais difficile de rencontrer le Sûtra du
Lotus. Et même si la tortue trouvait un bout de bois
de santal flottant, en trouver un percé d'un trou
convenable est encore plus difficile. Cela signifie que
même si l'on rencontre le Sûtra du Lotus, il est
rare pouvoir réciter les cinq caractères de
Nam Myoho Renge Kyo qui en sont le coeur (...)"
En d'autres termes, si on laisse
passer la chance, on risque de se réincarner
d'innombrables fois où on ne voudrait pas...
Toutefois, remarquons que le
très autogène Sûtra du Lotus contient
aussi ce qu'il faut pour dépasser l'autogène.
Dans plusieurs paraboles il met en scène un homme
suprêmement sage et plein de compassion qui, pour
assurer le salut de personnes placées sous sa
responsabilité, leur dit tout bonnement des
mensonges. Exemple : un homme trouve sa maison en flammes et
ses nombreux enfants à l'intérieur,
insouciants du danger. Il n'a pas le temps de les sortir
tous du brasier, il ne réussit pas à les
convaincre du péril. Alors, il leur annonce qu'il
vient de leur apporter de nouveaux et formidables jouets, et
ainsi tous se précipitent et sont
sauvés.
Pourquoi ne pas appliquer ce texte
à lui-même, en faire une lecture
réflexive, et considérer que ses aspects
autogènes ne sont que des soutiens provisoires ?
D'autres textes bouddhistes affirment encore plus nettement
que l'enseignement de Bouddha est un radeau, et qu'il faut
le laisser quand on a atteint l'autre rive. Et on peut
appliquer la même grille de lecture au Coran, à
la Bible, au Tao Té King, etc.
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DISCOURS CATHOLIQUE SUR LA MORT APRES
1965
En 1965, il s'est produit un événement
capital, un véritable tournant dans l'histoire de l'Eglise catholique,
et à travers elle de l'humanité. L'Église a renoncé,
d'elle-même, solennellement, à un élément
essentiel de son pouvoir ! Bien sûr, cet élément
s'était affaibli au long des siècles. Bien sûr il
fallait adopter une attitude moins arrogante, plus conciliante, envers
les autres religions. Bien sûr il arrive depuis au Catholicisme,
comme au roi Lear, de soupirer après son pouvoir perdu.
Mais des procès d'intention,
on peut toujours en faire. C'est le seul cas dans l'Histoire
où une institution aussi forte, aussi figée, a
procédé aussi formellement à une telle
révision déchirante, à un abandon aussi
radical de ce qui rendait son message
autogène.
Voyons le texte : "... Car ceux qui, sans faute
de leur part, ignorent l'Evangile du Christ et son Eglise, et cependant
cherchent Dieu d'un coeur sincère, et s'efforcent, sous l'influence
de la grâce, d'accomplir dans leurs oeuvres la volonté
de Dieu telle qu'ils la connaissent par la dictée de leur conscience,
ceux-là peuvent obtenir le salut éternel. La divine Providence
ne refuse pas les secours nécessaires pour leur salut à
ceux qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à
une connaissance explicite de Dieu, et s'efforcent, non sans le secours
de la grâce, de mener une vie droite..."
(Actes du Concile Vatican II, Cerf,
1969)
On pourrait penser, au vu de ce
texte, que la révolution n'est que relative. On ne
renie pas formellement l'ancienne conception, et on laisse
assez de restrictions pour ne pas trop désorienter
les personnes qui éprouvent le besoin de s'y
raccrocher. Car enfin, que signifient "sans faute de leur
part" ou "non sans le secours de la grâce" ? Et
qui en décide ?
Mais en pratique, la déstabilisation a
bien eu lieu. Et d'autant que l'on n'ose plus guère brandir les
flammes d'un enfer qui a trop servi à trop de basses besognes.
Le paradis est désormais défini comme l'union avec Dieu,
et l'enfer comme le refus de Dieu. Pas très mobilisateur. L'Eglise
catholique, indépendamment des valeurs qu'elle continue à
défendre, a-t-elle gagné en assurance et en dynamisme
depuis 1965 ? Question pas simple. En termes quantitatifs, vocations
et pratique religieuses, pour citer les deux indicateurs préférés
de l'Église elle-même, elle a reculé, et de beaucoup,
et pas seulement en Europe occidentale. En terme d'influence, par contre,
c'est depuis 1965 que les papes sont invités à parler
à la tribune de l'ONU.
Mais pour répondre, il
faudrait savoir ce qui serait advenu si elle s'était
cramponnée contre vents et marées à
l'ancien dogme. L'exemple de l'URSS montre qu'un discours
autogène n'est pas une garantie de
pérennité.
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