Bernadotte, Napoléon et la désinformation

On sait que Jean-Baptiste Bernadotte (1763-1844), maréchal du Premier Empire, est devenu en 1818 le roi Charles XIV de Suède, non sans avoir combattu efficacement la France en 1813. Depuis, les jugements le concernant sont contrastés au point d'en faire un cas d'école. Autant que je sache, les pro-Bernadotte sont un peu plus proches de la vérité. Quoi qu'il en soit, la confrontation vaut le détour (NB cette page étant une des plus visitées de ce site, je me permets de suggérer aussi une visite ici...).

Retour désinformation Retour accueil général

Contre Bernadotte (la majorité des thuriféraires de Napoléon, il y a le choix... par exemple Max Gallo, Napoléon, Robert Laffont, 1997) Pour Bernadotte (par exemple Dunbar Plunket Barton, Bernadotte, Payot, 1931)
Austerlitz (1805)
Bernadotte était à Austerlitz, mais n'a pas vraiment brillé... Si Bernadotte n'avait pas rectifié de son propre chef une disposition tactique de Napoléon, Austerlitz aurait pu tourner autrement.
Auerstaedt et Iéna (1806)
Bernadotte s'est d'abord séparé de Davout sur une mesquine question de préséance. Puis il est resté avec son corps d'armée entre les deux batailles, assez près pour entendre le canon, sans intervenir de toute la journée. Bernadotte a suivi l'itinéraire prescrit, n'a pas été informé et n'a pas reçu d'autre instruction. De plus, sa route s'est révélée très mauvaise, ne permettant que difficilement le passage de l'artillerie. Il n'aurait pu intervenir en temps utile. Dans la suite de la campagne, il a été victorieux à Halle et Lübeck.
Eylau (1807)
Bernadotte n'y était pas non plus, alors qu'il y avait été appelé. Eylau a été facilitée par la victoire préalable de Bernadotte à Mohrungen. Les ordres l'appelant à Eylau ont été interceptés par les Cosaques.
Friedland (1807)
Toujours pas de Bernadotte... décidément une habitude. Bernadotte venait d'être gravement blessé lors de sa victoire de Spanden.
Wagram (1809)
Bernadotte y était pour une fois. Seulement son corps d'armée, saxon, s'est carrément enfui devant l'ennemi. Il n'en a pas moins impudemment tenté de lui attribuer, et de s'attribuer, le mérite de la victoire par une proclamation grandiloquente et ridicule. Napoléon a remis les choses au point, et attribué les mérites de Wagram à qui de droit (promotions de Marmont, McDonald et Oudinot au rang de maréchal d'empire). Les Saxons, sous Bernadotte, se sont d'abord bien comportés, emportant une position importante. Mais pour leur malheur ils parlaient la même langue que l'ennemi autrichien, et les Italiens de McDonald leur ont tiré dessus par méprise, d'où la panique. La proclamation était à usage interne, pour leur remonter le moral, mais la presse saxonne l'a fièrement reproduite et Napoléon en a pris ombrage.
Renversement d'alliance (1812)
Quand le vieux roi de Suède a adopté Bernadotte pour son héritier en 1810, c'était notamment pour consolider l'alliance avec la France, une alliance traditionnelle qui avait déjà joué dans la Guerre de trente ans, la Guerre de succession d'Espagne et la Guerre de sept ans. Or, dès que Charles XIII, affaibli par la maladie, a laissé l'essentiel du pouvoir à Bernadotte, ce dernier s'est retourné contre son pays natal, et est devenu militairement efficace (Gross Beeren, Dennewitz, Leipzig où il a d'ailleurs encouragé la trahison des Saxons)... Napoléon avait multiplié les demandes exorbitantes à la Suède, et fait occuper militairement par Davout la Poméranie suédoise...

 

haut

 retour