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K
: Lorsque vous rencontrez des infidèles, eh bien ! tuez-les
au point d'en faire un grand carnage, et serrez fort les entraves des
captifs. |
H
: Lorsque vous rencontrez (au combat) ceux qui ont mécru
frappez-en les cous. Puis, quand vous les avez dominés,
enchainez les solidement. (la suite est
l'équivalent du verset 5 chez K, qui souvent coupe les
versets, d'où un décalage). |
Peu de
différences sinon que le "grand carnage" de K a disparu de H
(sinon que quand on vise le cou dans un combat à l'arme
blanche, c'est forcément pour tuer), et que le "serrez fort"
de K devient "solidement" chez H, ce qui n'a pas exactement le
même sens. Les versions récentes tendraient-elles
à édulcorer les appels à la
violence ?
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Sourate 8, verset 58
(verset 60 chez K, mais en
général c'est lui qui décale par
rapport aux autres versions normalisées au
vingtième siècle)
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K
: Si tu appréhendes quelque trahison de la part d'une
peuplade, rends-lui la pareille ; Dieu n'aime point les
traîtres. |
H
: Et si jamais tu crains vraiment une trahison de la part d'un peuple,
dénonce alors le pacte (que tu as conclu avec), d'une
façon franche et loyale car Allah n'aime pas les
traîtres. |
Ce
verset fait référence à un
événement précis, l'entrée
en guerre contre les Qaïnoqa, la première tribu
juive de Médine attaquée par les musulmans. Elle
avait pourtant signé un pacte de non-agression avec ces
derniers mais les relations s'étaient
détériorées (voir récit). Le
Prophète désirait les attaquer, mais il
hésitait par scrupule, car rompre un tel traité
sur un simple procès d'intention était un
parjure. Ce verset l'y décida. On voit que, par rapport
à K, H a ajouté des mots, au mieux implicites
dans le texte, laissant entendre que la rupture du pacte
était loyale. Alors parjure ou pas ? A quoi sert un
tel pacte s'il peut être dénoncé
unilatéralement sur un simple procès
d'intention ?
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Sourate 22, verset 52
(verset 51 chez K)
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K
: Nous n'avons pas envoyé avant toi un seul
prophète ou envoyé sans que Satan ait
jeté à travers dans ses voeux quelque
désir coupable ; mais Dieu met au néant ce que
Satan jette à travers, et il raffermit ses signes (ses
versets). |
H
: Nous n'avons envoyé, avant toi, ni messager ni
prophète qui n'ait récité (ce qui lui
a été révélé)
sans que le Diable n'ait essayé d'intervenir [pour semer le
doute dans le coeur des gens au sujet] de sa récitation.
Allah abroge ce que le Diable suggère, et Allah renforce ses
versets. Allah est omniscient et sage. |
Les mots
ajoutés entre crochets par H ne correspondent à
rien dans le texte, ils sont au mieux sous-entendu. K indique que ce
verset peut faire allusion à l'affaire des versets sataniques
(note de renvoi dans K : "Ceci fait allusion à
ce qui arriva une fois à Muhammad, quand il
récitait un verset du Coran où les
divinités païennes étaient
nommées ; il prononça, par distraction ou parce
qu'il sommeillait, ces mots : Ce sont des demoiselles belles et
très distinguées et qui méritent
l'adoration. De là, grande joie parmi les
infidèles qui se trouvaient alors à ses
côtés."). H
n'y fait aucune référence, et tend au contraire
à supprimer, par son ajout, la relation avec cette affaire.
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Sourate 59, verset 5
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K
: Vous avez coupé quantité de leurs palmiers, et
vous en avez laissé un certain nombre debout. Ce fut avec la
permission de Dieu, pour apaiser les impies. |
H
: Tout palmier que vous avez coupé ou que vous avez
laissé debout sur ses racines, c'est avec la permission
d'Allah et afin qu'il couvre ainsi d'ignominie les pervers. |
Allusion à un épisode du
conflit contre les tribus
juives de Médine. Les musulmans
assiégeaient les Nadhir, et pour les démoraliser
coupaient leurs palmiers sous leurs yeux. Imagine-t-on ce que
représente un arbre fruitier dans le désert pour
ceux qui l'ont planté ? Du haut de leurs remparts, les
Nadhir protestèrent contre ce qu'ils appelaient un crime,
laissant même entendre qu'ils
préféraient encore voir les dattiers servir aux
musulmans. Le Prophète eut honte et fit suspendre
l'abattage. Ce verset tomba alors pour justifier l'ordre comme le
contrordre. Cette honte reste perceptible dans la version de K, elle
est totalement escamotée chez H, qui au contraire parle
d'ignominie pour les assiégés.
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Sourate 78, verset 12
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K
: Nous avons bâti au-dessus de vos têtes sept cieux
solides. |
H
: et construit au-dessus de vous sept (cieux) renforcés. |
Le
"solides" de K devient "renforcés", ce qui est un peu plus
vague, chez H. Voudrait-on éluder le fait que ce verset et
d'autres (41:12 ou 67:5 par exemple) se réfèrent
manifestement à la conception du ciel qu'on avait au temps
du Prophète, et donc contredit radicalement la
thèse (voir article)
selon laquelle le Coran serait entièrement compatible avec
la science moderne ?
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Sourate 67, verset 3
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K : Il a formé les sept cieux
posés les uns au-dessus des autres. Tu ne trouveras aucune
imperfection dans la création du Miséricordieux.
Lève les yeux vers le firmament ; y vois-tu une
seule fissure ? |
H : Celui qui a créé sept
cieux superposés sans que tu voies de disproportion en la
création du Tout Miséricordieux.
Ramène [sur elle] le regard. Y vois-tu une brèche
quelconque? |
Confirmation : chez K, c'est dans le firmament qu'on ne voit aucune fissure (ce qui
est conforme à l'idée qu'on s'en faisait), chez
H, c'est dans la création (comme si les brèches
ou fissures n'existaient nulle part dans la création...).
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Sourate 6, verset 149
(150
chez K)
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K
: Dis : à Dieu seul appartient l'argument
péremptoire. S'il avait voulu, il vous aurait
dirigés tous dans le chemin droit. |
H
: Dis : l'argument décisif appartient à Allah.
S'Il avait voulu certainement Il vous aurait tous guidés.
(sur le droit chemin) |
Avouerai-je
que la toute première fois que j'ai ouvert le livre (K) au
hasard je suis tombé sur ce verset, et qu'il a failli
à lui tout seul faire de moi un musulman ? Il me semble
qu'il contredit quasiment à lui seul tout le reste du livre
(voir article paradoxe).
Pas de divergence notable de sens, mais la version de K est bien plus
incisive et éloquente que celle de H. |
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