5 Psychosomatique 

1 Introduction 2 Le cancer et l'auteur

3 Seulement physique, le cancer ?
(c'est ce qu'on dit, mais...)

4 Causes psychiques du cancer, hypothèses de psys
(dont d'anciens chefs de cliniques cancérologues)
5 Psychosomatique
(pourquoi pas aussi le cancer ?)

6 Effet placebo, effet nocebo

7 Cancer et psychose
"Le cancer vient de la folie réprimée"
(Norman Mailer, Un rêve américain)

8 Fritz Zorn (il a cru échapper au cancer en voyant sa cause dans son éducation)

9 Auteurs morts d'un cancer
(auraient-ils d'autres chose en commun ?)
10 Extraits choisis 11 Corrélation ? Commentaire ?
 

Psychosomatique

L'idée qu'une maladie en général peut être d'abord psychosomatique, le fruit d'un malaise psychique ou moral, d'un stress, etc. est ancienne. Elle a été développée par Georg Groddeck (1866-1934) qui allait jusqu'à préciser quels organes seraient touchés par quels types de conflits ou agressions psychiques. Par exemple, une atteinte au poumon répondrait à une peur de la mort, une atteinte aux os à une angoisse de dévalorisation (le fait est, j'en sais quelque chose, que les cancers des os apparaissent plutôt à l'adolescence, période particulièrement vulnérable sur ce plan), etc. L'idée a toujours ses défenseurs. Toutefois la psychosomatique est généralement perçue autrement aujourd'hui. Pour en donner un résumé autorisé et, en principe, objectif, voici ce qu'en dit le Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse (tome 8, 1984).

Médecine psychosomatique, branche de la médecine qui s'intéresse aux troubles psychosomatiques (v. partie Encycl.). Trouble psychosomatique, maladie organique dont le déterminisme et l'évolution sont soumis de façon prioritaire à des facteurs d'ordre psychique ou conflictuel, alors que les symptômes de maladie mentale font défaut. (…) La médecine psychosomatique doit son essor à la psychanalyse, qui a montré qu'un conflit intra psychique pouvait s'exprimer à travers une modification somatique. Dans le Livre du ça (1923), Groddeck considère que toute maladie, qu'il s'agisse d'une névrose ou d'une affection organique, est symbole, représentation d'un processus intérieur, mise en scène du ça par laquelle le sujet annonce ce qu'il n'ose pas dire à haute voix, le symptôme prenant valeur de mode d'existence. De ce point de vue, toute la médecine peut être considérée comme psychosomatique.

Une remarque : le spécialiste des domaines psychiques dans cette encyclopédie suit clairement une optique freudienne. On sait que cette optique, à tort ou à raison, est de plus en plus critiquée, mais elle dominait en 1984.

Pour certains auteurs, il n'existe pas de différence fondamentale entre troubles psychosomatiques et manifestations de conversion telle l'hystérie. Ces dernières, cependant, touchent électivement certaines fonctions et certains organes, lesquels demeurent indemnes tant du point de vue anatomique que du point de vue physiologique, ce qui n'est pas le cas dans les affections psychosomatiques. L. Kreisler (1974) restreint la clinique psychosomatique "aux maladies physiques, dans le déterminisme ou l'évolution desquelles on peut reconnaître le rôle prévalent des facteurs psychiques ou conflictuels". Les troubles les moins controversés qui entrent dans cette catégorie sont certaines affections allergiques (asthme, eczéma), cardio-vasculaires (hypertension, angine de poitrine) dermatologiques (psoriasis, vitiligo) et digestives (ulcère gastroduodénal, colopathies).

Cela n'a guère évolué depuis. On constate que ces affections les "moins controversées", pour pénibles et incapacitantes qu'elles puissent être, ne menacent pas directement la vie du patient ou ne la menacent que très marginalement. Il y a bien entendu le cas particulier des maladies et accidents vasculaires ou cardiovasculaires, mais il semble qu'ils ne dépendent qu'indirectement de facteurs psychiques, par le biais d'une suractivité en réponse au stress. Faudrait-il en conclure que les maladies psychosomatiques ne dépassent pas un certain degré de gravité, alors que les maladies a priori purement physiques, comme les maladies a priori purement mentales, peuvent en atteindre tous les degrés ? N'y aurait-il pas une lacune ? L'article se conclut ainsi :

L'inhibition des possibilités d'extériorisation des émotions, la pauvreté de la vie fantasmatique, qui rend inapte à intégrer les traumatismes psychiques autrement que sur un mode somatique par suite de défaut dans le processus de mentalisation, paraissent constituer un terrain favorable.
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