2 Le cancer et l'auteur 

1 Introduction 2 Le cancer et l'auteur

3 Seulement physique, le cancer ?
(c'est ce qu'on dit, mais...)

4 Causes psychiques du cancer, hypothèses de psys
(dont d'anciens chefs de cliniques cancérologues)
5 Psychosomatique 
(pourquoi pas aussi le cancer ?)

6 Effet placebo, effet nocebo

7 Cancer et psychose
"Le cancer vient de la folie réprimée"
(Norman Mailer, Un rêve américain)

8 Fritz Zorn (il a cru échapper au cancer en voyant sa cause dans son éducation)

9 Auteurs morts d'un cancer
(auraient-ils d'autres chose en commun ?)
10 Extraits choisis 11 Corrélation ? Commentaire ?

C'est bien le premier qui est le sujet du présent ouvrage, mais autant dire pourquoi.

A quinze ans, au collège, en classe de Sciences Nat (devenues depuis SVT), j'ai appris notamment que pour limiter les risques de cancer, première cause de mortalité dans mon entourage, il convenait d'éviter les angoisses "y compris la cancérophobie". Je n'ai pas dû assez les éviter, puisque deux ans plus tard une soudaine douleur dans le dos me coupe le souffle. Radiographie, un spécialiste dit que c'est bizarre et qu'on va ouvrir pour voir. Très rassurant, je m'attends à un tout petit trou, juste pour sonder en somme. Anesthésie, réveil laborieux. L'anesthésiste, jovial, me dit que "si on avait été le Père Bon Dieu, tu repartais avec une femme". Car j'avais, j'ai toujours, une côte en moins et une large balafre en plus. Pendant quelques heures ou quelques jours j'ai pu me traiter de tous les noms pour avoir imaginé, avant, que la douleur physique c'était toujours supportable (naïf que j'étais, je n'avais pour référence majeure que les piqûres de guêpes et les coliques).

Enfin, quarante séances de cobalt, le bac à passer qui permet de penser à autre chose. Et pendant deux ou trois ans l'angoisse à chaque fois qu'une sensation inhabituelle s'insinue quelque part entre le sommet du crâne et les orteils. Et un coup au moral en entendant, à la radio, à l'improviste, que d'après une étude récente les gens qui attrapent le cancer étaient, j'ai oublié les termes, mais il était question de gens mal à l'aise en société, ou quelque chose de cet ordre. Pour le moins déstabilisant quand on se sent soi-même dans ce cas, et qu'on sort d'un cancer.

Enfin, le cancer m'aura peut-être, mais ce cancer-là ne m'a pas eu. Vu le temps écoulé, s'il reprenait ce serait un autre. Mais je n'écris pas sur moi. Simplement, je n'ai pas oublié dans quel état mental j'étais dans les mois précédents cette tumeur.

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